05/05/06 ; 08/05/06 ; 16/05/06 ; 18/05/06 ; 24/05/06 ; 04/06/06 ; 05/06/06 ; 12/06/06 ; 19/06/06 ; 24/06/06 ; 28/06/06 ; 02/07/06 ; 04/07/06 ; 11/07/06 ; 18/07/06

Vendredi 5 mai 2006, Besançon

Début du troisième cahier. Après une semaine passée à Besançon, mon activité s’oriente vers de nouveaux projets. Le film sur le refus des discriminations par les jeunes du C.B.J. qui va se tourner prochainement. Un autre film en projet à propos des migrations sur le continent européen. Et, en urgence, la réalisation d’une photographie pour l’exposition que le Conseil général organise pour le bi-centenaire de la mort de Claude-Nicolas Ledoux.

Dommage que le Conseil général n’ait pas prévu un petit budget pour chaque artiste (je crois que nous sommes une dizaine à avoir été contactés) parce que cette opération va nous coûter très cher. Nous, je veux dire : Ludmila et moi, et même, particulièrement, à Ludmila.

 

D’après ce qu’on m’a dit, l’essentiel des artistes a décidé de travailler sur la saline d’Arc-et-Senans, œuvre majeure de l’architecte. Comme beaucoup de photographies ont été faites sur ce site qui accueille régulièrement des artistes en résidence, j’ai choisi de travailler sur des œuvres mineures de Ledoux.

On m’a indiqué la présence d’une fontaine lavoir à Fouvent-le-haut, commune proche de Dampierre-sur-Salon, en haute Saône. Nous avons prévu avec Ludmila de faire une photo tous les deux à Fouvent, dans la continuité de ce travail que nous menons depuis deux ans dans le cadre de la série « Close Up ». 

 

Ludmila doit arriver samedi matin à Besançon, c'est-à-dire demain, spécialement pour cette photo. Nous devons repartir ensemble, lundi, - de façon à ce qu’elle soit à Česke Budějovice mardi pour ses cours au conservatoire. On a pu justifier quelques-unes de ses absences, et notamment celles pour les concerts de Bratislava et Košice, mais elle n’a droit à aucune absence supplémentaire.

 

Mercredi je vais donc en repérage à Fouvent. Je découvre un lavoir et je suis très déçu : le bâtiment n’a rien d’exceptionnel, la fontaine est très abîmée, les pierres des bassins sont tellement cassées que l’eau s’enfuit immédiatement dans le sol, le lavoir est à sec et une énorme pièce en bois y est posée… Je pense essayer quelque chose avec l’église, qui est clairement indiquée comme réalisée par Ledoux. Par exemple un plan depuis la rivière qui passe en dessous. Mais la vue est toujours gâchée par des bâtiments récents, ou des arbres, qui s’interposent entre la rivière et l’église qui, du reste, n’est vraiment pas terrible.

 

Une petite dame me demande ce que je cherche. Je lui explique mon projet, elle me dit ne pas savoir que Ledoux ait réalisé de lavoir à Fouvent. Peut-être est-ce la fontaine du château qui est au bord de la rivière ? Elle m’accompagne. Je découvre un autre lavoir, très banal, au milieu des hautes herbes… Je crois que Ledoux n’a pas pu faire un  bloc pareil.

 

Je repars très déçu. Mais en route j’ai une idée : dans ce lavoir sans eau, si je suspendais les poissons de Manu Baudin Chan You (EBCY), d’un seul coup on aurait une vie un peu décalée qui, en quelque sorte, sortirait la fontaine de sa banalité.

 

Vendredi matin, seules heures d’ouverture de la Mairie de Fouvent, j’appelle la secrétaire de mairie dont la petite dame de mercredi m’a donné le numéro. Ils n’ont aucune connaissance que cette fontaine soit de Ledoux. Mais ils veulent bien me mettre un branchement électrique à disposition.

 

Vendredi soir j’arrive à joindre Gaston Bordet qui va pouvoir trouver des éléments me permettant d’identifier la fontaine. Il me lit le descriptif : « Fouvent-le-Haut : fontaine lavoir sous le grand prieuré ». Je rappelle la secrétaire de Mairie qui m’a donné son numéro personnel. Elle me dit : « Mais oui ! Je me souviens de cette fontaine lavoir ! elle était en haut du village. Mais elle a été détruite ! »

 

Merde !

Je rappelle Gaston : « Il me faut une autre fontaine ! Celle là a été détruite » Mauvaise nouvelle pour lui aussi. Mais pas une trop grosse surprise : il a lui-même écrit que deux tiers des œuvres de Ledoux n’existent plus…

Il prend sa liste et me donne quelques villes ou villages : Neuilly Lévêque, Cruzy, Rolandpont et ?… Roche en Champagne - « Ce n’est pas loin de Fouvent ! c’est aussi sur la rivière du Vanon. Voilà ce qui est écrit dans le catalogue des œuvres de Ledoux : Roche en Champagne, un pont sur le Vanon, la fontaine Griot, l’abreuvoir et les murs du cimetière ».

Je ne trouve pas sur le minitel la ville de Roche en Champagne. Je rappelle la secrétaire de Fouvent. Elle me donne le numéro personnel du Maire de Roche et Raucourt, le nom actuel de la commune. J’appelle. Le Maire me confirme que la fontaine Griot est bien de Ledoux, qu’elle existe toujours, qu’elle a un lavoir et qu’il y a de l’eau dedans ! Chouette !

 

Ludmila doit maintenant être dans le bus qui l’emmène à Besançon depuis Prague.

Je lui envoie un SMS lui racontant ces rebondissements et je termine par « Nous avons de la chance, Diane est avec nous ! »

La déesse Diane, elle aime bien les fontaines…

 

A huit heures et demie je reçois un coup de fil. Mon portable indique :  « Ludmila domicile » ! Qu’est-ce qui se passe ? Qui m’appelle depuis chez Ludmila ?

 

- Ludmila.

 

-         Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi es-tu chez toi ? Tu n’es pas dans le bus ?

-         Je me suis fait tout voler…

-         Tout quoi ?

-         J’étais à la gare routière de Prague. Sur un banc. A ma gauche mon sac à main et ma valise. Je me suis assise à un mètre d’un homme. Je fais toujours attention de prendre des distances avec les inconnus. Un mètre, ça va. Mais soudain il vient vers moi et me demande le chemin pour aller à la gare ferroviaire. Il sort une grande carte qu’il ouvre et que je retrouve sur mes genoux. Il a un accent russe. Il me demande de répéter, il ne comprend pas. En fait, il gagne du temps. Après un moment il se lève et s’en va. Alors un gamin qui a une voix de fille parce qu’il n’a pas encore mué s’approche de moi et me demande lui aussi la même direction ! Je lui dis que je ne suis pas d’ici, il insiste. Quand il s’en va, je vais pour prendre mon sac à main : disparu ! Il y avait dedans mon passeport, mon billet de bus, 100 Euro, mon téléphone portable, mes clés, l’assurance avec toutes les informations me concernant, adresse etc. Bref j’étais bloqué, avec même pas une pièce pour aller aux toilettes !

 

Catastrophe !

 

On essaie de trouver un autre moment pour qu’elle puisse venir. Mais c’est impossible avant le 1er juin, - date où doit être accrochée l’exposition.

Ludmila est terriblement déçue, sans compter tout ce qu’elle a perdu…

 

Et comment je vais faire avec cette photo ?

 

Est-ce que les gens imaginent ce qui peut y avoir parfois derrière une œuvre d’art…

 

Aragon écrivait : « Combien de sanglots pour un air de guitare…. »

Pour l’instant, il n’y a pas encore eu d’air de guitare…

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Lundi 8 mai 2006, Besançon

 

Après les coups de théâtre successifs de vendredi, et la triste mésaventure de Ludmila, il a fallu reprendre à zéro l’idée que j’avais de cette photographie pour l’exposition Ledoux.

 

La liste de Gaston Bordet m’avait fait retenir la fontaine de Roche en Champagne, village à quelques kilomètres de Fouvent. La secrétaire de Mairie de Fouvent, dont j’ai oublié de demander le nom, qu’elle m’en excuse, m’avait donné les coordonnées du Maire de Roche et Raucourt, Monsieur Michel Denarié, qui m’a confirmé que la fontaine Griot existait toujours et qu’elle était même encore en eau.

 

Restait à trouver une nouvelle idée puisque Ludmila ne pourrait revenir faire la photographie avant l’accrochage de l’exposition.

J’avais envie de garder les poissons de Manu (EBCY), mais qui choisir comme modèle ?

L’idée de nu sans Ludmila ne m’enchantait guère, alors j’ai eu l’idée de travailler avec la fille de mon ami photographe, qui a été mon guide photographique des débuts, Damien Freis, - Damien qui est mort l’année dernière dans un bien triste accident…

Lou est aussi la fille d’Agnès Marcelli qui est la tante de mon fils, - bref, une belle histoire de famille.

Sans compter que la petite Lou Andréa, cinq ans, est adorable avec un charisme terrible.

 

Donc l’idée sera la suivante : la petite Lou, habillée en fée, ira pêcher les poissons avec une baguette de fée, et même, plutôt que des poissons, elle pèchera des reflets de poissons, attendu que les vrais poissons seront suspendus en l’air.

Une façon naïve et souriante de représenter l’Utopie dont Ledoux allait devenir l’architecte.

 

Nous avions d’abord prévu de faire le cliché mardi. Cependant, mardi matin, la somme de travail et les incertitudes m’ont amené à reporter le cliché plus tard et de remplacer la séance photo par un repérage des lieux.

 

Je suis arrivé avec Théophile à Roche vers 4 heures. Monsieur Stéphane Garneri, vigneron qui habite à côté de la fontaine, avait sorti une ligne électrique pour que je puisse brancher mes projecteurs. J’avais oublié de l’appeler pour lui indiquer mon changement de programme. Négligents ces artistes…

Arrivé à la fontaine, son père est venu me rejoindre et je me suis excusé de ce changement de programme. Ce monsieur très sympathique et très au courant de l’histoire de son pays m’a expliqué plein de choses sur l’œuvre de Ledoux, pourquoi il avait réalisé toutes ces œuvres dans la région à l’époque où il était rattaché aux eaux et forêts de Champagne.

Le village, à l’époque, se trouvait à la limite de la Champagne, ce pourquoi le village s’appelait alors Roche en Champagne.

 

En revanche, l’état de la fontaine a confirmé le besoin d’un repérage. Le Maire m’avait dit que la fontaine était en eau, mais en fait elle ne l’était plus, un fond de mousse humide recouvrant le fond.

Néanmoins le lavoir est plutôt joli avec ses formes arrondies et, de chaque côté, il y a un appui en bois qui permettait aux femmes de ne pas attraper des rhumatismes aux genoux. Cela lui donne un air plus authentique, - il pourrait être encore fonctionnel.

 

J’ai demandé à Monsieur Garneri s’il voulait bien m’accompagner chez le Maire, afin que je puisse lui demander de faire nettoyer la fontaine et de la remettre en eau.

Par chance Monsieur Benarié était chez lui. Nous avons parlé un moment de l’histoire du village, le Maire m’a même montré une photographie de la fin du XIXème siècle où on voyait le pont de Ledoux dans son état initial, avec un tablier en pierre, la place avec la fontaine centrale et l’église que Ledoux avait reconstruite après un incendie.

 

Le Maire a accepté mes demandes. Et puis, peu à peu, d’une discussion sur l’histoire du village, on a fini par parler des contrôles routiers et des grands profils que l’état en tire, avec, quand même, au milieu de notre conversation, une longue discussion à propos de la réduction des aides de l’état pour l’entretien du patrimoine, réduction que tout le monde s’accordait à regretter et dont le patrimoine sera la première victime….

 

Nous sommes repartis vers six heures, avec Théophile qui n’a rien perdu de cette leçon d’histoire et qui sait maintenant que, si Ledoux n’avait pas épousé une femme du monde, artiste célèbre avec ses entrées chez les dirigeants de l’époque, il n’aurait probablement jamais eu ces prestigieuses commandes qui ont suivi sa réalisation de ponts, de lavoirs et d’églises, disons-le, plutôt banales.  Mais…

Il n’avait pas encore 30 ans !…

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Mardi 16 mai 2006, Besançon

 

Le soleil voudrait s’installer mais de temps en temps une grosse averse nous glace et nous ramène à la prudence : « Cigale, ne pense pas qu’à chanter, car, dans le champ de la vie, l’hiver revient après chaque refrain ! »

Après tous ces apprêts, nous sommes enfin partis, dimanche, faire la photo de Ledoux. Il y avait Théo qui m’a bien aidé pour le chargement du matériel, Il y avait Jules, son cousin, Il y avait Agnès, sa tante, et la petite Lou-Andrea, sa cousine et mon modèle du jour.

Lou-Andrea est le genre bombe explosive. Aussitôt arrivée, elle voulait poser en fée pour la photo. Cela fait une semaine que sa mère lui en parle. C’est donc normal. Le problème, c’est qu’il fallait construire le décor (les poissons d’EBCY), il fallait installer les projecteurs, mesurer la lumière, découper, nuancer. Au total, trois heures d’installation !

Théo joue avec Jules, ils grimpent aux murs, Lou veut grimper aussi, appelle les garçons pour qu’ils l’aident, les garçons ne l’entendent pas, alors elle se met à hurler, sa mère s’approche, tente de la calmer, mais la colère de Lou se retourne contre sa mère ! Bref, un dimanche tout à fait ordinaire d’une famille à la campagne !

Si bien que, quand je suis prêt, trois heures plus tard, les gosses ont faim, sont énervés, fatigués et n’attendent plus qu’une chose : aller faire un tour de manège dans la fête du village à côté !

Quant à moi, je tâche de prendre en main le Mamiya 6x6 que Patrice Forsans et la galerie « L’atelier photographique » m’ont prêté. Tout va bien, mis à part que mes yeux ont du mal à faire le point. Ma myopie prend des allures de déroute.

Voilà pourquoi j’aime le Leica et je suis sûr que c’est ainsi de beaucoup de photographes. Avec le Leica, même avec de mauvais yeux, on peut faire un point parfait.

Lou a trouvé deux escargots. Je lui explique qu’elle doit s’asseoir au bord du lavoir, sur la pierre. Elle tient les escargots dans sa main. Elle est en rogne car ils ne veulent plus sortir de leur coquille ! Je lui propose de les poser sur la pierre de la fontaine. Super, elle s'asseoit à côté des escargots. Tout va bien. Sa mère fait un petit réglage de la robe et « crac ! » elle écrase un escargot ! La crise !

Finalement, Lou acceptera tant bien que mal, les six premiers clichés. Pour ses cinq ans, six clichés c’est beaucoup…

 

Changement de pellicule. 

Cette fois la puce veut plus venir sur la pierre. Elle se sauve. Je lui cours après, la prends dans mes bras, lui parle tout doucement des trucs gentils pour lui expliquer. Puis je lui installe un tee-shirt sous les fesses. Forcément, la pierre, c’est froid ! C’est bon, elle s’assoit à nouveau en bonne place. Mais elle fait une tête ! Deux photos, elle acceptera ! Je lui en demande deux de plus, lui expliquant que j’aimerais qu’elle n’ait pas l’air d’une condamnée à mort. Mais rien à faire, elle ne veut plus, c’est fini, elle est à bout.

Je n’ose pas imaginer ce que ce sera quand, adulte, elle négociera des conditions ! Mon Dieu, quel tempérament !

 

Une heure de démontage et rangement. Nous ramenons Théo chez sa maman à Vesoul après un Kebab pris tous ensemble et bien mérité.

Retour à Besançon. Lou s’est endormie, Jules à moitié. Je les dépose chez eux. Puis je dépose les poissons chez EBCY, puis je dois monter le matériel chez moi, au quatrième étage, le break est plein. Enfin je file à Planoise. A 23 h 16 (une minute de retard) je suis au foyer A.G.E. pour une nuit de veilleur…

 

Le lendemain, après avoir dormi de huit heures à onze heures, je vais faire développer mes films chez Palente Image, rue de Belfort, le plus sympathique des magasins de photo et laboratoire bisontins. Qu’on se le dise. C’est le seul laboratoire qui accepte de développer en croisé mes films diapos. Tout le système de couleur de mes trois dernières expositions reposent sur ce procédé. Si Palente Image n’était pas là, je ne pourrais pas continuer cette technique. Comme quoi, le style d’un photographe repose sur peu de choses.

A midi j’ai mon film. Je descends à la maison et commence les scans.

 

Une heure après, je dois décréter que les photographies sont inutilisables.

 

Les problèmes de mise au point sont cruciaux, et la lumière n’est pas équilibrée, le soleil était trop fort. C’est donc à refaire.

 

Coups de fils, visites. Oui, nous allons pouvoir la refaire. Agnès pourra venir avec Lou mercredi, juste au moment de faire la photo. On ne fait pas attendre les enfants qui vont poser.

Avec Emmanuel Baudin, mari d’Emmanuelle Baudin Chan You (EBCY) nous partirons bien avant pour construire le décor et installer la lumière.

Enfin, Patrice Forsans accepte de me prêter son appareil à nouveau.

 

Oui, l’art appartient à l’économie solidaire….

 

Si les clichés faits dimanche sont inexploitables, ils disent cependant que l’idée de la photographie est bonne et qu’elle mérite qu’on remette en branle tout ce chantier…

 

Alors, tous ensemble chantons à nouveau la phrase d’Aragon :

« combien de sanglots pour un air de guitare ! »

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Jeudi 18 mai 2006, Besançon.

 

Ca y est, la photo, elle est dans l’épuisette !

Les photos, parce que c’est un diptyque.

Ce n’est pas absolument parfait, il y aurait eu des petits défauts à corriger. Mais l’univers de la photographie emporte les défauts, les intègre. Alors ça va.

Nous sommes partis hier, à cinq heures, avec Emmanuel Baudin, le mari d’EBCY, artiste lui-aussi (peintures-collages).

La voiture était pleine, les projecteurs, les poissons, les accessoires, et, sur le toit, mon échelle escabeau que je n’avais pas utilisée depuis la série « Nus en Extérieurs-Villes »

Nous sommes arrivés une heure plus tard à Roche-et-Raucourt, petit village proche de Dampierre-sur-Salon. A Roche il y a une église, un pont et la fontaine Griot réalisés par Ledoux. Stéphane Garneri et sa femme (produisant un petit vin de pays que je n'ai même pas eu le temps de déguster!) avaient préparé l’enrouleur pour que nous puissions avoir de l’électricité. Il faisait doux, le ciel à peine couvert. J’avais demandé à Agnès (Marcelli), la maman de Lou-Andréa, qu’elle arrive au dernier moment, de façon à ce que la puce ne s’impatiente pas. Nous avions rendez-vous à Huit heures et demie. 

Manu n’était pas content, il voulait regarder je ne sais quel match de foot avec un copain. Le pauvre, il allait connaître un long dépassement…

Avec Manu nous avons accroché les poissons, réglant leur position mieux qu’elle était à la photographie ratée. J’avais aussi changé deux poissons, l’un par choix (le premier était trop gros), l’autre parce qu’EBCY l’avait emballé pour sa prochaine exposition.

J’ai perfectionné ma lumière en utilisant le cliché raté comme brouillon. 

Les photographes ont aussi besoin de faire des ébauches… (je me trouve des excuses...)

 

La lumière extérieure tombait peu à peu. Je voulais qu’elle arrive à ce point où elle devient bleu sombre. J’adore cette couleur. Le bleu d’avant la nuit, le bleu des soirs au cinéma ou dans les contes de fée…

Tranquillement nous avons tout installé. J’ai vérifié au moins dix fois ma mise au point, avec mes lunettes ! histoire de ne pas me retrouver avec un flou comme la dernière fois.

Puis tout fut en place. Il était neuf heures moins le quart.

Nous n’avions plus qu’à attendre l’arrivée de Lou et d’Agnès...

 

A neuf heures dix, toujours personne. J’appelle, Agnès me dit qu’elle s’est trompée de route.

Elle arrivera à 9heures vingt. Lou-Andréa enfile sa robe rose de fée, je la maquille, poudre, pommettes rouges. Et on attaque.

Lou bouge tout le temps. Il faut trouver un truc pour qu’elle se fixe. Surtout que nous travaillons au 8ème de seconde. Le truc c’est de lui faire comprendre que les vagues doivent s’en aller et lui donner quelque chose à regarder. On fait six clichés. « Maman t’es où ? J’ai faim, envie pipi. Je veux plus faire de photos, y’en a assez. »

Alors je sors les bonbons. Une sucette (« j’en ai déjà une ! ») et le sac de petits animaux en gomme (ça elle aime « oh, une vache, un cochon ! »)

Je négocie « allez, on en refait deux ! » Elle accepte.

On en fera deux. Pas une de plus.

Soulagement quand même, je sais que j’ai vu des belles expressions.

 

Lou veut que je lui donne les poissons découpés. « Je ne peux pas, j’ai pas fini les photos ! Je te les amènerai demain ! » Crise "Je les veux tout de suite!". Je connais ma Lou, - ça passe.

Un gros bisou quand même, parce que Lou, c'est une vraie star. Je l'adore!

 

Il faut maintenant faire la seconde photographie. Lou et Agnès s’en vont alors que je me bats avec le Mamiya pour trouver mon cadre car tout est inversé, la gauche est à droite et le haut en bas. Quel casse tête !

Démontage dans la nuit, à la lumière des projecteurs au début, et aux phares de voiture à la fin.

Je finirai de décharger ma voiture à minuit moins le quart. Manu, qui croyait être rentré chez lui à dix heures, est arrivé à onze heures vingt…

 

Ce matin développement, cet après-midi scans et dépoussiérage.

Voilà, c’est fait. Une photographie qui naît, une aventure qui s’achève. 

 

Le diptyque s’appellera : LA PÉCHERESSE D’UTOPIE.

 

Eh oui ! L’Utopie n’est pas à portée de main ! Un grand merci à Manu, Théo, Agnès, Lou, Patrice Forsans et la galerie "L'atelier photographique" pour le Mamiya, EBCY, et Stéphane pour l'électricité, le Maire de Roche pour la fontaine propre et en eau, Gaston Bordet pour ses conseils et son attention, Thibaud Respingue pour la même raison. Sans oublier ma pauvre Ludmila et son sac volé avec son billet dedans, - elle aurait tant aimé poser pour cet hommage à Ledoux !

Et pour conclure, un cadeau pour les lecteurs de ce long récit ! la photo 1la photo 2 !

 

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

 

Mercredi 24 mai 2006, Tábor.

 

J’aurais eu toutes les bonnes raisons de rester à Besançon. Pas d’argent pour voyager, et donc pas d’argent pour pallier aux éventuels incidents qui peuvent toujours arriver dès que l’on prend la route.

 

Un ami musicien, Alain-Pierre, m’a raconté une anecdote. Il était allé en Savoie dans une maison que des amis lui avaient prêtée, à lui et à sa fille. Le premier jour il ouvre le journal et trouve un fait divers qu’il a trouvé incroyable : Un homme va voir une voyante. La voyante lui dit « Le jour untel, ne sortez pas de chez vous, vous courez un danger très grave. » Le type, effrayé, prend un congé pour le jour untel, ferme fenêtres et rideaux et reste chez lui. Seulement un insecte était entré. Une guêpe  d’un genre rare dont la piqûre peut être mortelle. Le type met la main dans un sac, la guêpe est dedans, elle le pique. Et le type meurt.

 

Court-on plus de danger en partant qu’en restant ? A peine plus. Pourtant, sur quatre « sinistres » comme disent les assurances que j’ai eu dans ma vie en voiture, deux ont eu lieu à Besançon.

 

Tout cela pour dire qu’hier je partais de Besançon avec de l’essence pour deux cent kilomètres et pas un sou en poche. Tábor c’est à 900 kilomètres…

Mais le miracle c’est qu’il existe au monde de vrais amis. Et Julien et Jessica sont de ceux là.

Ils ont accepté de me prêter 100 Euro pour le voyage et m’ont proposé de manger avec eux. Ils habitent à Guebvillers, c’est sur la route…

Merci à vous les amis, votre aide est inestimable.

Jessica a juste eu le temps de m’ouvrir la porte de leur joli appartement puisqu’elle devait partir aussitôt rejoindre une classe dans son collège.

Julien est arrivé quelques minutes plus tard. Nous avons passé une partie du repas à discuter de ce qu’est un cachet d’intermittent, les obligations qui y sont liées, caisses sociales obligatoires etc. car Julien fait partie, depuis quelques mois, du bureau de Productions du Capricorne. « compliqué ! me dit-il - oui, une vraie usine à gaz ! »

 

Départ à 14h 15. Vers Tábor pour moi, vers ses élèves pour Julien.

 

Le voyage fut un peu plus long que d’habitude, beaucoup de ralentissements sur les autoroutes allemandes. A neuf heures je passais la frontière tchèque.

A nouveau autoroute jusqu’à Písek, et là j’emprunte les petites routes qui mènent jusqu’à Plsen (Pilsen). La nuit tombe. Un peu après Nepomuk (le village dont était originaire Jan de Nepomuk, un prètre du XVIIème siècle, qui, pour des raisons d’intrigues politiques, a été jeté ligoté depuis le pont Charles, à Prague, après avoir subi de terribles tortures parce qu’il refusait de livrer les secrets qu’il avait entendus en confession. Sa statue orne, depuis, un grand nombre de ponts tchèques et on le voit, le doigt sur la bouche, rappelant le silence qu’il a su garder) – un peu après Nepomuk disais-je, soudain retentit un gros choc à l’avant droit de ma voiture et je vois des éclats jaillir, comme de bois, à la lueur des phares !

Je ralentis, arrive à un village, m’arrête à la lueur d’un réverbère, sort de la voiture. Le phare est cassé, le feu du clignotant pend au bout de son fil et des bosses sur la carrosserie, sur l’aile notamment. Merde !

Je retourne. Quelle bête m’a percuté ? Je roule lentement, je ne vois rien. Nouveau demi tour. Inutile de dire que mes bras tremblent sur le volant et que je suis sous le choc.

Après quelques centaines de mètres, je vois une silhouette marron sur la droite. Un chevreuil. Du sang coule de sa gueule, il a une patte cassée, et il saigne aussi de l’arrière train. Pauvre bête. Que faire ? Il est mort, totalement inerte. Je décide de le mettre sur le bas côté, histoire qu’une voiture n’aille pas lui rouler dessus. Et je repars.

Je pense aux dégâts sur ma voiture. Je pense aussi à la valeur d’un tel animal : quand même, toute cette viande pourrait faire plaisir à quelques amis…

Surtout que j’ai avec moi un gros morceau de tissus que j’utilise comme fonds noirs pour les photos. Je pourrai l’utiliser pour porter l’animal et pour éviter qu’il ne salisse trop l’intérieur de ma voiture. C’est bon, je retourne. L’animal est toujours là. Il ne saigne plus. Je prends le tissu, le place sur le sol, fais rouler la pauvre dépouille dedans, prends les quatre coins… mais j’arrive à peine à le porter ! Trente, quarante kilos au moins !

Ca y est, il est sur le plancher, contre la banquette arrière. Je suis toujours aussi tremblant. Je sens l’animal derrière moi, comme un être inconnu qui risque de se réveiller n’importe quand. J’ai de la tristesse, et une sorte d’effroi pour cette mort que je sens tout près de moi.

Mais comment faire à l’arrivée ? Ludmila qui est végétarienne va hurler en voyant le cadavre ! J’envoie un message à Radek. Avec Alena ils ont un petit jardin, avec des cagibis où ils mettent leur bois. Mais sur le message j’écris « vous pourriez le mettre dans votre jardin » Il me répond qu’il veut bien m’aider. Puis un second message : « Alena n’est pas trop d’accord, elle a peur qu’il mange ses bonsaïs » Mince ! ils ont pas compris que l’animal était mort ! Je réponds « But he is dead ! » (nos messages se font en anglais).

Je sens que les complications vont venir. Je regrette déjà d’avoir pris la bête. C’est vrai que j’ai déjà remarqué que les tchèques, de Tábor en tout cas, n’avaient pas un grand attrait pour le gibier. Déjà, un jour que nous avions vu un lièvre se faire tuer par un camion devant nous, Ludmila m’avait dit « Si tu le prends, je te quitte ! » Et quand j’en avais parlé à son père, il m’avait dit que jamais il n’en aurait mangé !

Nouveau message de Radek « I’ll see what I can do. Phone me when you are in Tábor »

Arrivé à Písek j’envoie un message à Ludmila, lui expliquant que j’ai tué un « lań » et que je vais l’amener chez Radek avant de passer chez elle.

A minuit moins le quart j’arrive devant chez Radek. Il descend. Il me demande ce que je veux faire de la bête. « Trouver quelqu’un qui veut le manger ! » je réponds. Il voit pas qui cela pourrait intéresser. Ah si ! je connais un ami qui est un bon cuisinier, on va le lui demander, il est au café « u lva (chez le lion) ». On y va chez lva. Là, explications. Le type, pas enthousiasme dit qu’on peut pas manger un animal sauvage sans avoir l’avis d’un vétérinaire, il peut-être malade ! Bon, laisse tomber, on retourne à la voiture. J’appelle Ludmila. Je suis surpris qu’elle me dise que son frère va peut-être être intéressé, il a l’habitude de tuer des lapins. Donc, y’a qu’à le mettre dans « the house for horses », un petit appentis dans sa cour. Je demande à Radek s’il veut m’aider. Il accepte.

« Ok, monte, on va chez Ludmila ! » Il va pour ouvrir la porte du passager, elle est bloquée ! Le choc a déplacé l’aile qui empêche la porte de s’ouvrir.

Décidément, on en a pas fini de ce chevreuil !

Arrivé chez Ludmila, on sort la bête de la voiture. Ludmila veut la voir. On ouvre le tissus. Mais on dirait que son ventre a grossi ! Elle est peut-être enceinte dit Ludmila, peut-être qu’on peut ouvrir le ventre et sortir les petits ! - Oh non, pitié ! Je crois que s’il y a des petits, ils sont déjà morts, rien que le choc les aurait tués !

On referme le tissu et on déplace l’animal vers ce qui était, avant, le box du cheval. On referme la porte, « ouf ! c’en est assez pour aujourd’hui ! »

 

Ce matin, Ludmila reçoit un appel de sa sœur : « personne ne veut du chevreuil à l’école de musique » Puis appel de son frère : « mais il est trop tard, une nuit sans être au frais il ne va plus être bon ! » Ludmila « Oh ! j’ai un ami qui habite à la campagne, cela va peut-être l’intéresser ! A la campagne, ils sont plus habitués à ce genre de choses ! » Envoi d’SMS. Réponse : « D’accord, j’en veux bien la moitié. Mais je vais appeler mon père pour qu’il se renseigne » Ah ! une solution pour que l’animal ne soit pas mort pour rien. Quelques minutes. L’ami, František, rappelle : « C’est trop tard, mon père m’a dit que ces animaux doivent être éventrés dans les deux heures qui suivent leur mort. Sinon, le ventre gonfle et les toxines se diffusent dans le corps, la viande n’est plus bonne. »

Voytišek, le frère de Ludmila, appellera quelques minutes plus tard pour confirmer cette thèse. Oui, je me souviens du ventre de l’animal. Il a bien gonflé. La pression doit immanquablement envoyer de sales trucs vers les muscles…

Je me résigne, la viande est perdue.

Nouveau message à Radek pour lui demander de m’aider, comme il me le proposait hier soir, à déposer le corps de l’animal dans une forêt. Il ne peut pas avant neuf heures ce soir.

J’ai eu toute la journée un haut le cœur. La dépouille s’est mise à sentir peu à peu, de plus en plus. J’avais l’impression, en mangeant, de retrouver cette odeur dans la nourriture.

Radek est arrivé ce soir. On a chargé une nouvelle fois le chevreuil qui commençait à sentir franchement mauvais. Un liquide brunâtre avait coulé dans la journée sur le sol de la « house for horse ».

Radek doit monter dans la voiture par la porte du conducteur. Avec ses grandes jambes c’est une gymnastique spectaculaire. Re belote pour sortir quand nous arrivons dans le bois…

Où nous avons laissé le pauvre animal.

Qui ne sera jamais mangé.

Certains pourraient s’en réjouir.

Moi je pense qu’il vaut mieux être mangé que d’être jeté comme un détritus inutile.

Triste aventure.

Va falloir, avant de repartir, s’occuper de ce putain de phare.

Oui, j’aurais eu toute les raisons, si j’étais quelqu’un de très prudent, de rester à Besançon. Mais en même temps je suis si bien avec Ludmila et Ludmila avait tant besoin de me sentir près d’elle…

Alors, au diable la prudence, et que la vie soit ! Partir, c’est mourir de vivre !

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

 

Dimanche 4 juin 2006, Besançon

 

C’est très drôle car, par deux fois, je disais à des amis : « tu sais, en Tchéquie, un chevreuil m’est rentré dedans » et ils me répondent

« Oui, oui, je sais, je l’ai lu dans ton journal.

– Ah bon ?! ».

C’est rassurant de ne pas écrire pour du vent, mais cela veut dire aussi que j’ai une responsabilité, celle de suivre mon engagement et de ne pas rester trop longtemps sans écrire. Chez Ludmila j’ai installé le banc de montage et j’ai été littéralement avalé par deux projets : le pré-montage d’un film réalisé avec les jeunes du C.B.J. (Conseil bisontin des Jeunes) de Besançon, et le montage du concert de Tábor, après avoir récupéré l’enregistrement que David Juran (le frère de Karel) avait réalisé depuis la table de mixage. Donc, le journal a subi une rude concurrence.

Dommage d’ailleurs que j’aie raté cet épisode de notre visite de la ville de Písek avec Ludmila. C’est une petite ville très agréable, avec son magnifique pont ancien (plus vieux que le pont Charles à Prague), ses places, son ancienne brasserie en cours de restauration (fonds européens). C’est un peu dommage qu’il ait fait un temps de chien, bien que…. Ludmila me disait : « Finalement ça ne me gène pas. La pluie c’est plus doux, c’est plus propice à la rêverie »

Donc, grâce à la pluie, une visite très romantique d’une ville de Bohème avec la femme de ma vie. Un vrai cliché peut-être mais prenez-en de la graine, enlevez votre petit(e) ami(e) et emmenez-le(la) là bas, vous ne le regretterez pas !

 

Cette semaine a aussi été bien occupée et surtout, au retour, j’ai trouvé le téléphone coupé. L’alliance française de Košice nous a pourtant bien fait le virement de notre cachet mais il n’est pas arrivé à notre banque. Donc « difficultés passagères » comme il devient habituel de le dire dans ce métier, impossible de payer la note du téléphone.

Comment, dans ces conditions, avoir la motivation de passer deux heures à écrire une page de journal si ce n’est même pas pour l’envoyer en ligne…

 

Ce n’est pas grave, car parallèlement nous avions une série de quatre concerts cette semaine. Karel et Radek sont arrivés, jeudi, directement au Savana (Besançon) où nous avions notre premier concert.

A nouveau la vie communautaire puisqu’ils dorment dans la chambre de Théophile et que nous nous partageons ces moments d’avant le coucher et d’après le réveil ensemble.

Nous avons joué ensuite au Kristal bar, un café très fréquenté de Baume les Dames, et hier soir chez Babette, à Salins, qui, elle, a un peu plus de mal à remplir son restaurant. Quel dommage ! Sa formule est pourtant vraiment intéressante : un dîner concert on ne peut plus au point dans le respect des clients et des musiciens. Malgré que le public n’ait été composé que de dix personnes, nous avons joué avec tout notre cœur et je crois que ce concert aura été le meilleur de cette série de quatre. Le public était absolument emballé. 

Allez Au Festin de Babette , à Salins-les-Bains, c’est un lieu hors du commun !

 

Ce soir nous partons dans les Vosges, pour un concert à l’Estaminet, à Vagney. La dernière fois que nous avions joué dans le coin, c’était au Roller Bar, à Saulxure sur Mozelotte, et ça avait été un concert mémorable qui avait soulevé un enthousiasme contagieux et les musiciens s’étaient déchaînés ! Un concert vraiment délirant dont j’étais revenu aphone pour une semaine !

 

Le résultat de tous ces derniers et nombreux concerts est que le groupe, et les morceaux, ont vraiment trouvé leurs assises et leur efficacité. Le résultat est que nous sommes au plus près du public, étant nous-même proches les uns des autres. Les vrais scènes qui nous attendent cet été ne seront pas déçues, - nous sommes prêts. 

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

Lundi 5 juin 2006, Besançon

 

A peine le soleil venu essayer de réchauffer la glace des jours passés que la pluie revient tout gâcher. Bon Dieu quoi ! Faudrait regarder ton agenda aux bonnes pages, on est en juin, pas en novembre !

-         A quelle heure vous êtes arrivés à l’Estaminet hier soir, Hein ? Sept heures dix alors que le concert était annoncé à sept ! Faut regarder ton agenda toi aussi !

-         N’essaie pas de noyer le poisson, si tu continues comme cela, on relance l’ère glaciaire et on va voir revenir les mammouths !

 

Bon, pour revenir aux accusations du bon Dieu, qui mettent bien en valeur sa mauvaise foi (il a toujours une excuse, même après les terribles massacres qu’il finit toujours par laisser faire ! Franchement, moi, je ne lui fais pas confiance) oui donc, pour revenir à notre retard d’hier, on va dire que Rudy, le patron, nous a pardonnés. Parce qu’on a eu une ambiance du tonnerre et nos amis vosgiens nous ont largement témoigné leur enthousiasme.

Il y a même un jeune homme qui est venu me faire des compliments (c’était en fin de soirée et la bière avait coulé), sur les morceaux, la musique, les paroles, tout ça, et puis soudain il me dit : « t’as l’air d’un hurluberlu mais je t’aime bien » et il m’embrasse!

Un hurluberlu ?

-         Mais pourquoi tu me dis que je suis un hurluberlu ? (C’était la première fois qu’on me la faisait)

-         Je sais pas, à cause de tes cheveux, ton look ou quelque chose comme ça !

-         Mince alors, un hurluberlu !

 

Je sais pas si c’est bon pour la pub d’annoncer « Allez écouter PB Tristan, vous verrez, c’est un vrai « hurluberlu » !

 

En tout cas, jouer dans les Vosges, c’est vraiment sympa. Déjà il y a quelques mois « chez Biscotte », ça avait été du tonnerre ! Et puis, ce Rudy, c’est un vrai phénomène, - j’espère qu’ils l’ont mis dans le guide du routard, il le mérite !

 

A minuit, Radek et Karel ont pris la route pour rentrer en Tchéquie. Karel avait cours le lendemain à Tábor à 13 h 30 ! Vous vous rendez compte ?

Ils sont formidables.

 

Nous autres franc-comtois nous sommes repartis un peu plus tard. Titi est monté  avec Biniou (ce qui n’était pas un cadeau : il s’est endormi quelques secondes après !) et je les ai suivi avec ma voiture toujours esquintée (cf le chevreuil un peu plus haut).

Nous avons d’abord roulé dans la vallée de la Mozelotte, puis nous avons commencé à attaquer un col.

C’était la nuit, il y avait un peu de fatigue, il y avait ces quatre concerts derrière nous. Il y avait aussi cette sorte de vide intérieur qui suit la tension ou l’attention du concert, - vide ou calme, je n’en sais rien.

 

J’avais mis un disque de Paolo Comte, sa belle voix grave avec un rien d’enfantin, ses arrangements limpides et cette émotion qu’il nous donne avec son timbre puissant et tendre. « un gelato al limone » ou « i nostra amico, angiolino ». Quelle atmosphère !

 

Et il y avait cette vallée qui s’ouvrait à chaque virage avec les lumières, au fond, de quelque ville, - Le Tillot, peut-être.

 

Paolo Comte, la montagne autour de moi, la nuit, les phares sur la chaussée et ce grand calme, ou ce grand vide de ces concerts passés…

Une cigarette aussi….

 

Que dire de plus ? Faut-il toujours pointer les i ? Vous dire si c’était du bonheur ou de la tristesse ? Les deux je crois. Peut-être ce que les portugais appellent « saudade » ?

L’impression un peu de voler, ou de se perdre.

Et la montagne noire autour, si vaste malgré son invisibilité.

 

Certainement aussi le bonheur d’avoir pu transmettre quelque chose à notre public, l’impression d’avoir été compris, reçus, enregistrés. Et cette sensation que le groupe se scelle, que la musique a trouvé une âme, - même s’il faut encore un peu de travail pour que les musiciens se sentent tout à fait à l’aise, - notamment ceux qui n’avaient pas l’habitude de naviguer dans cette musique, dans l’univers de la chanson…

 

Une tornade d’impressions qui s’est peu à peu dissoute, dans la nuit, dans le temps, dans le sommeil qui, à cinq heures du matin, me ravissait dans son silence.

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

 

Lundi 12 juin 2006, Besançon

 

 

Notre difficile vie d’artiste peut parfois être arrosée de bonnes nouvelles…

Cela nous fait l’effet d’une plante verte qu’on arroserait soudain d’un seau d’eau ! Oh ! what’s happen ? I am completly surprised ! (Higelin)

Pendant quelques minutes on perd un peu la boule. On tourne autour de la table de la cuisine, on allume une cigarette même si c’est le matin et qu’on se l’était interdit ! On tourne en rond. On écrit des SMS à ses équipiers. On se sent bourré de punch.

Ca dure quelques heures, d’une euphorie quelque peu exagérée pour un homme raisonnable.

Après un temps le téléphone sonne, « allô ? Odile ? Oh merde ! j’ai oublié notre rendez-vous ! » Eh oui, la dernière personne à qui on a envie de poser un lapin, Odile Chopard qui se bat avec tant de persévérance sur un projet de film de société avec des ambitions de film d’auteur ! « Excuse-moi Odile, j’étais sous le choc d’une bonne nouvelle et je t’ai oubliée ! »

Alors, encore mes excuses, Odile. Et merci de ta compréhension.

 

Mais alors, quelle était cette bonne nouvelle ?

NOUS SOMMES SELECTIONNES AUX 17èmes rencontres du festival "Sémaphore en Chanson" à Cébazat !

Cebacoa ? Et cé ou ?

Cébazat, c’est une ville de la communauté urbaine de Clermont Ferrand. Les rencontres sont organisées avec le concours d’Oracle qui organise un autre concours,  le "Carrefour de la chanson", festival soutenu par France Inter.

S’il est des concours qui sont temps perdu, Cébazat c’est pas ça. Défraiement des musiciens, accueil à l’hôtel et prix conséquents. Benabar, Sanseverino, Camille, Kali sont passés par là !

Sans compter les invités qui sont déjà venus jouer au festival : mon camarade Aldebert, et nos pères à tous : Nougaro, Lavilliers, Thiéfaine… du joli monde !

 

Alors, je me suis permis, aujourd’hui, d’être très content de mon sort et ce sera une bonne nouvelle pour célébrer l’entrée du 1000ème visiteur de ce site internet.

 

Un gros bisou donc à tous ceux qui nous veulent du bien et qu’on aime !

 

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

 

Lundi 19 juin 2006, 1 heure, Foyer A.G.E., Besançon

 

Repris mon service de veilleur de nuit, prenant le relais de Francis, mon voisin (qui m’a d’ailleurs aiguillé sur ce job).

Noë, un jeune du foyer qui travaille le soir dans un restaurant, est arrivé et nous avons commencé à parler tous les trois. Francis est rentré chez lui et nous avons continué notre conversation avec Noë, une conversation qui prenait peu à peu un tour philosophique. C’était bien, et Noë me l’a dit en allant se coucher.

Faut pas prendre les jeunes pour des andouilles. Je me souviens très bien de mes seize, dix sept ans, et franchement, moi et mes potes, on aurait pu leur donner bien des leçons à ces aveugles qui voulaient nous apprendre à marcher au pas !

Avec mes potes, nous avons appris la vie en franchissant le mur de notre internat. Il y avait tant de choses à découvrir. La vraie vie était dehors.

L’école cependant jouait un rôle dans cette histoire. Par exemple on y découvrait les poèmes de Rimbaud…

J’avais un professeur de Français, Monsieur Saragoza, qui était un type vraiment fascinant. Un homme tout d’abord que nous n’avons jamais entendu crier. Il était capable de vous dire une phrase qui vous faisait rougir et vous ne bronchiez plus de la journée. La classe ! Dans une classe ce n’est pas si courant. Hélas…

Monsieur Saragoza nous a appris à interroger les textes et à nous les approprier. Il remplissait nos poches trouées et on allait s’en servir dehors.

 

Une fois, il nous est arrivé de nous enivrer sur un kiosque à musique. Une bouteille de mirabelle dérobée par je ne sais plus qui. On gueulait des slogans anarchistes à des passants dont la tête nous revenait pas. C’était une révolte qui posait bien.

Soudain un de mes potes vient me dire cette phrase mystérieuse : « si tu vas après le dernier banc, Aline viendra te trouver ». Vu mon état d’ébriété, ce n’était pas facile de comprendre cette énigme. Mais je m’exécute. Je vais après les bancs (les bancs qui entourent le kiosque à musique). Vers un arbre.

Et la jolie Aline me rejoint. Que ce passe-t-il ? Cette si jolie fille voudrait-elle une aventure avec moi ?

C’était oui.

J’ai pensé « avec l’aleine que j’ai, elle va pas être déçue… » Mais elle semblait pas déçue. Peut-être qu’elle a seulement rien dit. Elle n’était pas très bavarde…

J’ai vomis quelques minutes après. Dans un petit bassin. Elle m’a attendu sagement. Elle n’a rien dit de regrettable. On est reparti enlacés.

C’était destroy, poétique, mignon. Aucun adulte, en nous voyant, aurait pu s’en douter. Les adolescents ont de jolis secrets…

 

 « Mais pourquoi tu m’as dit « si tu vas après les bancs » ? ai-demandé plus tard à mon ami - T’as pas compris ? Dans le Rimbaud (tu sais, celui qu’on a vu avec Saragoza la semaine dernière, « A la musique »), sur les premiers bancs, près du kiosque à musique, il décrit les notaires, les bourgeois, les gros bouffis répugnants qui « pendent à leurs breloques ». T’imagine bien que c’était pas une place pour toi ! Toi, ta place, c’était derrière les bancs, là où Rimbaud allait « comme un étudiant ». Et ? Tu te souviens de la fin ? et tu as senti son baiser te monter aux lèvres, - non ? – Oui. Mais franchement j’avais rien compris. Quand j’ai vu Aline s’approcher j’ai eu l’impression d’être dans un rêve. Je me demande encore comment ça a pu arriver… »

 

J’aime bien ce souvenir. Au moins je l’ai écrit. On n’en parlera plus. Les rues d’Epinal où on montait, la nuit, tout en haut des échafaudages, et où on se mettait à pisser Fred et moi… Le jet était continu du sol au troisième étage… C’était hallucinant, - quelque chose de cosmique. Philosophiquement, on découvrait qu’on pouvait être grands…. c’était bon pour le moral.

 

Mais on n’en reparlera plus.

 

En tout cas, vous saurez que la vraie nature de l’homme qui a pris ce pseudo pseudonyme de Philippe B. Tristan, il est né là-bas, à Epinal, quelque part dans l’obscurité du Cour, le parc du centre ville, avec Frédo le petit génie, Cécile ma première amoureuse qui me disait « je voudrais te demander ce que d’habitude les mecs demandent aux filles… », et Arnaud, et Anne et les autres…

 

Chapeau bas mes vieux camarades, je vous dois ma vie !

 

Mais on n’en reparlera plus…

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Samedi 24 juin 2006, Besançon.

 

Mélange énigmatique de bonnes et de mauvaises nouvelles. En fait on cherche toujours à interpréter ce qui nous arrive, à essayer d’y trouver des périodes particulières. Mais c’est en vain. Les astrologues ont beau compter et calculer, la vie est un chemin imprévisible.

 

Une des mauvaises nouvelles a été le refus du conseil d’administration du village de vacances de Lamoura de nous prendre en résidence, - comme le responsable de l’animation en avait fait la proposition. On s’était vu tous les six, Ludmila y compris, travailler les morceaux bien à fond dans une salle de spectacle mise à disposition pendant une semaine, avec le lit et le couvert pris en charge et un concert programmé à mi course. Cela répondait aux vœux de tous, aller jusqu’au bout de nos morceaux, travailler, enregistrer, écouter, critiquer, corriger.

Mais le beau rêve est tombé à l’eau.

Je dois donc me mettre d’urgence à la recherche de dates de concerts pour le mois de juillet, sachant que quelques concerts et quelques répétitions seront nécessaires pour être au top lors de notre spectacle à Quiberon au mois d’août.

 

Mauvaise nouvelle aussi la mort de Raymond Devos, un grand monsieur de l’humour, de la poésie, du mime et de l’absurde. Chapeau bas au maître, et le souvenir de cette scène de Pierrot le Fou où l’humoriste chantonne d’un air pathétique et absurde son « nous nous aaimions ! » à répétition.

 

Côté bonnes nouvelles, la façon dont Monsieur Rittaud-Huttinet, commissaire de l’exposition sur Ledoux, et sa femme, ont accueilli « La pécheresse d’Utopie ». Un enthousiasme sincère qui fera oublier en partie la difficile préparation de cette photographie. Théo, qui était avec moi, a été lui aussi impressionné par cet accueil. Il est bon parfois qu’un fils puisse être fier de son papa.

 

D’ailleurs une nouvelle photographie se prépare. Il s’agit de « La nouvelle Aube ». Commande elle-aussi, et rémunérée (ça fait du bien, c’est si rare), pour le tricentenaire de la mort de Vauban. La Ville de Besançon a fait commande à 12 photographes d’un cliché réalisé à partir de l’œuvre bisontine de l’architecte de Louis XIV. Le but de ces photographies est d’illustrer le calendrier 2007 de la Ville.

 

Ludmila sera mon modèle. Il s’agira d’un remake d’une ancienne photographie, « l’Aube », qui appartient à la série « Nus en Extérieurs-ville ». 

Pourquoi un « remake » ? C’est une façon de faire acte du temps qui a passé, tant sur ma vie privée que sur ma technique photographique.

« L’aube » avait été réalisée avec Delphine, mon amie de l’époque, en noir et blanc. C’était une photographie qui était liée à notre vie affective, un hommage à la femme aimée. Ce n’est pas pour rien qu’elle ait été une, sinon la plus belle photo de l’exposition. Quand on met de l’amour dans une œuvre il y a comme un coup de baguette magique qui la pourvoit d’un charme particulier.

 

Je suis convaincu que l’art a horreur du vide. Il peut certainement y avoir des vides plein de sens. Mais quand il y a rien dans le vide c’est insupportable.

 

« La nouvelle Aube » sera aussi une œuvre d’amour. Elle sera en couleurs, de ces couleurs particulières que permet le développement croisé. Et ce sera, comme pour la première photo, une scène d’intérieur placée en extérieur.

Ludmila doit arriver en fin de semaine et j’espère que nous n’aurons pas d’incident comme pour la photo de Ledoux. Car le travail doit être remis impérativement lundi.

Dangereux, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Je me souviens que pour la première « Aube » nous avions dû nous y reprendre à deux fois pour la réussir…

 

On peut parler d’une certaine tension…

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Mercredi 28 juin 2006, Besançon

 

Il était prévu que j’aille à Tábor cette semaine mais je n’irai pas. Ma voiture n’est pas en état, les dégâts du chevreuil tchèque ne sont pas réparés, et quelques autres problèmes qui peuvent se résumer par la phrase : « problèmes financiers ».

J’en profite pour utiliser mon temps au mieux, en préparant « la nouvelle aube » notamment et en cherchant de nouvelles dates de concert par ailleurs.

Ce matin je suis allé dans un magasin de mobilier, « la galerie contemporaine » et je leur ai demandé s’ils voulaient bien me prêter quelques accessoires pour le décor de la photographie. Ils ont immédiatement accepté. Il y aura donc sur la photographie un petit tapis, patchwork constitué de carrés unis qui vont du rouge dense au bleu foncé. Il y aura aussi un magnifique lampadaire avec un abat-jour en verre rouge sombre qui, avec le croisé, va prendre une saturation qui me fait saliver d’avance. Même chose pour deux vases en verre rouge qui vont finir d’habiller la scène où Ludmila se déshabillera.

Je me suis aussi mis d’accord avec France 3 Besançon qui me sortira samedi soir deux alimentations et me prêtera une tourelle pour alimenter les projecteurs en électricité.

Il ne restera plus qu’à faire appel à la bienveillance météorologique… J’avoue que je ne suis pas rassuré. Il a plu la nuit dernière et j’ai eu soudain un vent de panique : s’il pleut je suis cuit !

Le ciel devrait commencer à s’éclaircir vers 4h30. Il faudra donc que nous soyons prêts avant. Des rôdeurs ? Ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. Lors de la première aube, un pécheur était passé. Il était allé s’installer à une trentaine de mètres de nous et il a lancé sa ligne. Je ne pense pas qu’il se soit plaint de nous, nous pas plus de lui…

Le plus grand danger je pense, c’est le temps.

Je regarde le ciel….

Il n’y a rien de plus vide et de plus stupide que le ciel. Certains y attendent des merveilles…

Pour moi les merveilles viennent de la terre.

Le ciel c’est l’éther et l’éther c’est l’enfer.

Les matches de foot aussi. Mais c’est un autre sujet…

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Dimanche 2 juillet 2002

 

Ludmila est bien arrivée cette fois (cf page du 8 mai), à 4 h 15, par le bus de Prague. Elle est descendue du bus avec une jeune femme, tchèque elle-aussi, qui venait faire un stage de Français au Centre linguistique appliqué. Comme depuis environ deux ans le bus, qui s’arrêtait auparavant à la gare, s’arrête à la sortie de l’autoroute, à environ dix kilomètres du centre ville, Ludmila lui a proposé de redescendre avec nous. Accueillir des étrangers de cette façon est vraiment une honte pour Besançon. Pas un bus municipal lorsqu’ils arrivent ; on laisse les gens perdus dans une zone, avec seulement leur portable, s’ils en ont un, pour appeler un taxi (s’ils connaissent le numéro) ! Je ne sais qui a décidé de ce changement (la gare, c’était parfait) mais en tout cas, on prend les gens pour des marchandises ! Pour une ville soi-disant d’accueil comme Besançon, quelle image désastreuse !

 

Bref, re-descente au centre ville par le jour levant, ce qui m’a permis un petit repérage, je ne savais pas à quelle heure exactement le ciel commençait à s’éclaircir. A cinq heures il prend une magnifique couleur bleue.

 

Toutes les conditions étaient donc remplies pour que « l’Aube nouvelle » puisse être réalisée sans incident : météo splendide, Ludmila présente, confirmation de France 3 pour le branchement électrique (merci à Alain Watelier), et partenariat de la « Galerie contemporaine ».

Le matériel prêt à embarquer, dans une ambiance festive de victoire de l’équipe de France à la coupe du monde de football, je suis allé me coucher à minuit, rejoint par Ludmila quelques minutes plus tard.

 

Réveil à trois heures.

Toilette, petit déjeuner, il est plus de 3 heures trente quand nous commençons à descendre le matériel quatre étages plus bas (projecteurs, appareil, accessoires, décor). Sur la place Marulaz où ma voiture est garée, des groupes métissés de jeunes sont  encore à fêter notre victoire sportive.

 

Vers quatre heures je sonne à la porte de France 3. Il faut quelques sonneries avant que la gardienne de nuit vienne m’ouvrir. Les tourelles de câble sont  prêtes dans un coin de bureau. 

Bientôt un premier projecteur s’allume sur le lieu du décor, au bord du bassin de la Gare d’Eau.

 

L’heure qu’il me restait pour tout mettre en place a été suffisant. Mais je me suis rendu compte que nos lumières étaient trop fortes pour la luminosité du ciel de cinq heures, nous avions donc encore un peu de temps.

La course a cette lumière qui, en fait, est venue plus tard que je l’imaginais, m’a empêché de voir quelques détails. Par exemple nous aurions pu essayer d’autres coiffures pour Ludmila. Lorsque nous sommes rentrés, Ludmila a mis une pince pour tenir ses cheveux et j’ai trouvé que cela nous aurait aidé à gérer ses mouvements.

 

Mais, en revanche nous avons eu le temps pour tenter un grand nombre d’attitudes, et, comme j’avais trois pellicules de douze poses chacune, nous avions de la marge pour chercher les mouvement les plus naturels.

 

Dès que nous avons allumé les projecteurs, une horde d’insectes, moustiques, papillons, éphémères, s’est ruée vers nous. Mais dès que le ciel a commencé à s’éclairer, miraculeusement, les insectes ont disparu. Cela veut-il dire qu’ils s’en vont en direction du ciel dès que celui-ci commence à s’éclairer ? Mais que vont-ils y chercher ? Ne savent-ils pas que le ciel est désespérément vide ?

 

La voiture déchargée, vers sept heures, nous avons fait une petite pose cigarette dans la rue d’Arènes. Un employé municipal balayait les verres, bouteilles, et nombreux autres détritus que les fêtards de la coupe du monde avaient laissés dans la rue. Ludmila s’est indignée du peu de respect qu’avaient les Français de l’espace public « Donc, me dit-elle, parce que l’on sait que le lendemain il va y avoir des gens pour nettoyer, on se permet de se comporter comme des porcs ! Chez nous je n’ai jamais vu ça. Les gens font attention, on ne laisse pas des choses par terre de cette façon. »

 

Ce sera le mot de la fin ? Pourquoi pas. 

Pour revenir à la photo, développement demain matin à l’ouverture de l’Imagerie des Chaprais, puis scan et tirage numérique de la photographie, puis envoi par mail à la même Imagerie.

Si tout va bien, à 14 h 30, je pourrai être à la réunion de la Mairie avec mon tirage 20x16 dans les mains.

A suivre…

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

Mardi 4 juillet 2006, Besançon

 

 

Hélas, hélas, "L'Aube nouvelle" a été rejetée par la Direction de la Communication chargée de la réalisation du calendrier. J'y avais pensé, mais je n'y croyais pas. Mais si. Le Nu n'est pas encore chose admise dans la photographie aujourd'hui, et notamment dans le cadre institutionnel qui était bien celui de ce calendrier.

 

Passé le moment très difficile où, face à vos collègues photographes, vous vous voyez prendre cette claque monumentale, ce refus pourrait très bien être un grand service. Car il est très difficile de réussir une photographie dans un environnement lumineux très délicat dès la première fois. Ma première version de "L'Aube nouvelle" avait quelques défauts, notamment en matière de lumière (le corps par exemple est éclairé d'une façon plate qui le désert cruellement).

 

Mais allez voir par vous même, La première "Aube nouvelle" est visible ici (cliquez).

 

Je suis certainement un grand naïf, et cette "sanction" ne sera pas la première à punir ma naïveté. J'y suis donc habitué et on ne va pas en faire un drame. En revanche il me tient à cœur de pouvoir réaliser l'idée qui avait prévalu à ce cliché malheureux, idée qui elle, en revanche, peut tout à fait être acceptée par les censeurs de mon premier jet.

 

C'est pourquoi il me parait important de donner ci-après à lire le courrier que j'ai envoyé à Monsieur Nuyts, Directeur de la communication, afin de lui demander un feu vert pour l'acceptation du projet d'une nouvelle "Nouvelle Aube".

 

Voici cette lettre :

Monsieur,

"Suite à la réunion d'hier, évidemment quelque peu difficile à vivre dans l'instant, je conviens que votre point de vue, notamment "concernant la nudité, est justifié dans un projet de calendrier largement diffusé.

"Néanmoins, concernant l'idée originale de ma photographie disons "maladroitement exploitée", je pense qu'il est intéressant d'y "revenir, notamment si vous avez prévu un espace où cette démarche peut être exprimée (sur la dernière page du calendrier).

"Cette idée est la suivante : "Vauban a contribué à la fixation de Frontières qui sont approximativement les Frontières actuelles de "la France. En ce sens, les fortifications de Vauban ont permis à la population Française (et aux habitants de Besançon) de "trouver une sécurité et de vivre en paix, du moins pendant un certain temps.".

"Un retour aux documentations qui m'avaient permis de me faire cette opinion le confirme et je vous adresse en pièces jointes "quelques extraits de ces analyses trouvées sur différents sites web.

"Mon idée est donc de construire une scène d'intimité paisible, un intérieur en extérieur, et ceci sous la protection tout aussi "paisible d'une fortification de Vauban.

"Le nu était une façon de manifester cette paix. Étant jugé mal à propos, il m'a fallu trouver une situation moins dérangeante mais "qui corresponde aussi à un moment d'intimité paisible.

"Mon idée est donc la suivante : Même lieu, même décor, sachant que la fortification sera beaucoup plus visible : champ plus large "(changement d'objectif, grand angle plutôt que visée standard) et meilleure luminosité sur la fortification (temps de pose plus long "et éclairage de la scène réduit, permettant à la lumière naturelle d'apparaître plus intense).

"Le sujet sera habillé d'un habit d'intérieur cachant son corps, buste et bras, jusqu'à mi-cuisse. Au lieu d'enfiler des bas, scène "pouvant être interprétée comme un déshabillage, le modèle ne fera que mettre du vernis à ses ongles.

"La scène gardera donc son caractère privé, intime, en éliminant toute tentation de détournement érotique.

"Je vous rappelle que, lorsque j'ai réalisé mon CD rom : "nuits en ville, Besançon" j'avais fait une grande quantité de photographies "de Besançon la nuit, concernant une grande quantité d'édifices patrimoniaux, maisons historiques, places, rues, citadelle. En tout "une centaine d'images.

"Depuis 96, j'ai réalisé différentes expositions, reportages, port-folio artistiques, au cours desquels j'ai expérimenté des "techniques photographiques liées au support argentique qui, peu à peu, ont déterminé un style particulier, mélange de techniques "et de conceptions esthétiques.

"La photographie que je vous propose de réaliser s'ancre dans cette démarche, et se rattache en outre à la photographie que j'ai "réalisée pour l'exposition Ledoux organisée par le conseil Général. Cette photographie a reçu un accueil très enthousiaste par "Monsieur Rittaud-Huttinet, commissaire de l'exposition. C'est un diptyque ayant pour titre "La pécheresse d'Utopie" que vous "pouvez voir aux liens suivants photo1 ; Photo2.

"Vous comprenez qu'il peut être intéressant que ces deux photographies, sur deux architectes ayant oeuvré à Besançon, puissent "en quelque sorte s'interpeller : un certain surréalisme, des valeurs colorées voisines.

"En outre, France 3 qui m'a mis à disposition un branchement électrique pour la réalisation de la "Nouvelle Aube" (tel est le titre de "cette photographie Vauban) est d'accord de réitérer son aide pour réaliser une nouvelle séance.

"C'est pourquoi je vous demande, compte tenu de ces précisions et de ces modifications, de bien vouloir accepter ce nouveau "projet."

Éminemment affaire à suivre...

 

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

 

Dimanche 11 juin 2006.

 

Petit café place Jouffroy d’Abans en ce dimanche matin. Le marché qui s’installe ici chaque semaine apporte à la place une vitalité et un rythme particuliers, extrêmement sympathiques.

Cette pose café met un terme à une semaine bien fatigante, où il a fallu réaliser la seconde « Nouvelle Aube » et préparer le marché de la création de Meursault.

Côté « Nouvelle Aube », il me faut tout d’abord rendre justice à Vincent Nuyts qui, après avoir refusé la première mouture, a su rester à l’écoute et accepter une nouvelle proposition.

C’est pourquoi, après avoir publié ma lettre de requête, il est important, dans ces mêmes colonnes, de publier sa réponse. La voici :

 

« Pas de problème pour ma part de travailler sur la notion d'intérieur
extérieur. J'attends donc vos nouvelles propositions en espérant qu'elles
seront de la même veine que celles présentées pour l'année Ledoux.
Mon parler un peu direct a pu vous paraître l'autre jour un peu brutal,
mais je pense qu'il avait le mérite d'être clair. Et je préfère vous avoir
exprimé tout de suite mon sentiment, plutôt que de vous dire ensuite que
finalement votre image n'a pas été retenue par les élus, ce qui n'aurait
pas été très courageux de ma part mais beaucoup plus facile.
Cordialement »

 

Nous avions donc le feu vert pour nous remettre au travail.

Alain Watelier nous avait assuré que nous pouvions compter sur France 3 pour un nouveau branchement électrique. A quatre heures du matin, vendredi, je sonnais une seconde fois au portail de la vénérable maison et le gardien m’introduisait dans le bureau de la Rédaction où se trouvaient deux enrouleurs que j’ai branchés sur deux prises électriques afin de ne pas risquer de disjoncter.

Un petit impair cependant : j’avais oublié d’acheter une nouvelle rose blanche pour orner les vases prêtés par la « Galerie contemporaine ». Ludmila a eu l’idée de la remplacer par un tournesol artificiel qui prenait la poussière dans mon appartement.

Pour le reste tout était prêt. J’avais échangé mon Cosina 4,5x6 à visée normale contre le Mamiya 6x6 que Patrice Forsans et l’Atelier photographique me prêtaient pour la seconde fois. Avec son objectif 55mm (grand angle pour le format), cet appareil, bien qu’un peu ancien, est une vraie merveille.

A cinq heures le décor et la lumière étaient prêts et je charge la première pellicule. Une kodak 100 ASA, la seule sensibilité encore disponible à Besançon. Le numérique rend le marché argentique avare et coûteux.

 

Premier film chargé dans la précipitation : le ciel commence à s’éclaircir, il faut faire vite. Trois heures de sommeil, mes doigts tremblent et mon cerveau est un peu empâté. Le boîtier est posé sur une planche - pas de place pour mettre un pied photo – et je l’ai calé avec des morceaux de pinces à linge. Avec la visée par le haut, le confort est supérieur à la visée par l’arrière du Cosina. Au lieu d’être couché par terre je peux cadrer à genoux. Côté exposition, il faut travailler diaphragme ouvert (4,5), au ¼ de seconde. Pas intérêt de bouger d’un poil.

Ludmila s’est occupée de la disposition du décor et elle a pris la pose toute seule selon ce qu’on avait convenu la veille. Rien à ajouter, l’attitude est parfaite.

 

La prise de vue commence, espacée, pour suivre la montée de la lumière.

Après les douze premières poses, le film s’enroule à l’infini, - mais quel est ce bruit bizarre ? J’ouvre le boîtier, - merde ! J’ai chargé le film à l’envers ! J’ai exposé le papier de protection, y’a rien sur la pellicule ! Panique, la lumière est déjà haute. Je charge le deuxième film en jurant, - Ludmila éclate de rire. Nouvelle série de clichés. Je les enchaîne rapidement. A la fin, il fait jour…

 

Nous replions. Rendu des rallonges à France 3, retour rue d’Arènes, remontage du matériel au 4ème étage. A huit heures nous pouvons nous coucher.

Mais l’incertitude de cette lumière me ronge. Je veux savoir si nous aurons ou non à y retourner lundi soir, le seul moment encore possible. Je me relève à 9 heures et je fonce au labo. Il se met à pleuvoir des cordes. Vingt minutes après j’ai mon film développé. Je redescends sous la pluie tandis que la braderie commence à occuper la rue Battant.

J’allume scan et ordi. Le film, scanné, se développe tout seul, rien à corriger, à masquer. Après avoir comparé les différents clichés s’affiche sur mon écran…

 

« LA NOUVELLE AUBE » - version définitive !

Je ne sais ce que vous allez en penser. Mais, pour ma part, je pense qu’elle est supérieure, à tout égard, à la première version.

 

Mais la journée n’était pas finie ! Il fallait maintenant continuer la préparation du marché de Meursault.

Depuis deux jours je scanne des clichés qui pourraient intéresser un peu tout le monde. Il est temps maintenant de travailler à la taille des passe-partout. Ludmila me donne un coup de main. Nous finirons à 00 h 30.

Réveil à 6 heures. Chargement (encore 4 étages !), une heure et quelques de route. Nous arrivons sur la place de l’Hôtel de Ville, là où, nous dit-on, a été tournée la « Grande Vadrouille ».

 

Au lieu de la cinquantaine d’exposants annoncés il y en a…. six. !

36 Euro le mètre linéaire de location d’emplacement…. Certains en ont pris 5, faites le calcul… Heureusement je n’avais pris qu’un mètre car, pendant toute la journée, la place est restée déserte, - personne ! Une poignée de badeaux sont venus qui ont regardé les stands de loin. Sur les quelques artistes que nous étions, une seule a vendu une petite peinture à 200 Euro. C’est celle qui avait loué cinq mètres.

Après une journée d’ennui nous décidons, à 20 heures, de plier bagages et de ne pas revenir le lendemain. Heureusement ! J’apprends ce matin que la finale de la coupe du monde a lieu cet après-midi !Pauvres collègues qui sont revenus aujourd’hui !

 

Que reste-t-il de vos amours…

Pour l’art et la création

Quand le mondial est à son dernier tour !

« Vive la France ! »

Le patriotisme est à son comble 

Allez, Monsieur TF1, on vous cède la place, envoyez-nous le match en première exclusivité. Le prix des pubs va percer le plafond, c’est la grande affaire de l’année.

 

 

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire

 

 

Dimanche 18 juillet 2006

 

Cette page mettra un terme au troisième cahier.

C’est curieux comme ce journal se structure par lui-même, par sa destination même, je veux dire le net, par les outils utilisés aussi pour le réaliser, - et m’impose à interroger le flux linéaire et impassible du temps, à lui imposer des coupes, des tranches qui s’opèrent au-delà même du subjectif, car, si j’avais à décider de mes tranches de vie, les choix seraient peut-être autres. Non, c’est le journal en lui-même, par son flux propre, par sa structuration interne qui se met soudain à me souffler qu’un cahier est arrivé à sa fin.

Alors, j’ai l’impression d’avoir à justifier la fin d’un cycle, - un cycle que je pourrais qualifier comment ? Ce n’est ni livresque car il n’y a pas de livre, ni littéraire car il n’y a pas de littérature… disons lié à cette activité qui n’a pas vraiment de nom et qui consiste à remplir des pages web en interrogeant son expérience personnelle et professionnelle.

 

« Alors, me demande ce journal, y a-t-il quelque chose, dans la période actuelle, qui se termine, qui marquerait la fin du cycle que je t’impose ? Car, côté logiciel, excuse-moi, mais tes pages d’un kilomètre de long, on n’en peut plus, faut pas t’étonner que la mise en page bugge et que tu dois t’y reprendre à quatre fois pour mettre en forme un paragraphe ! »

- Bon, bon, d’accord, je réfléchis !

 

Mais en fait il n’y a pas besoin de réfléchir. Tout se met en place tout seul : bien sûr qu’il y a un cycle qui se termine. Le printemps, d’abord, a cédé la place aux terribles chaleurs de ce début de juillet. Et puis, surtout, il y a cette décision, difficile, arbitraire et, je pense, absolument nécessaire, de remplacer un des membres de notre petite équipe de musiciens.

Nous allons ce soir avoir notre dernier concert avec Biniou Retrouvey, comme batteur exclusif du groupe. Ce soir, après notre concert au Carpe Diem, je vais lui faire part de notre décision de privilégier, en première place, un autre musicien, Jean-Paul Simonin.

 

Cette décision, humainement, n’est pas facile à prendre. Biniou est le musicien de l’équipe actuelle qui joue avec moi depuis le plus longtemps. C’est aussi le plus jeune de la troupe.

Biniou est, à plus d’un égard, quelqu’un qui a fait preuve d’un professionnalisme parfait. Jamais un retard, jamais une faute d’organisation, et c’est lui qui nous a accueilli pour nos répétitions en France dans sa maison d’Esprels en haute-saône. Humainement, c’est aussi quelqu’un de formidable. Pourtant, il y a eu quelques impairs, dont il a été en quelque sorte, par sa naïveté et par son inexpérience, à la fois l’acteur et la victime. Mais, sans que la musique s’en mêle, je crois que ces impairs, comme par exemple ce désagréable retour de Košice, se seraient effacés tout seuls.

 

Mais il y a la musique.

 

Il n’est pas facile de faire fonctionner un répertoire qui se trouve sur la tranche délicate de l’émotion, de la sensibilité et en même temps de la dynamique rythmique. Biniou s’est souvent heurté à cette difficulté propre à la chanson que j’ai envisagé de pratiquer. Elève du conservatoire de jazz, musicien de quelques formations de jazz, il est vrai que la chanson n’est pas, à priori, sa tasse de thé. Jouer avec une formation lourde où tout le monde est connecté à une ligne rythmique rigoureuse demande à la fois une souplesse et une sorte d’autorité au batteur. Il doit imposer la rigueur rythmique tout en étant réceptif à la personnalité des autres membres du groupe sans pour autant se laisser influencer par un moment d’égarement d’un autre musicien.

 

C’est un exercice difficile qui demande confiance et assurance. Et une sorte d’engagement. Biniou, passionné de jazz, manquait de motivation profonde.

 

Ma décision a donc été de faire appel à un musicien plus expérimenté qui va réussir à affirmer la dynamique rythmique et apporter aussi des idées de nouvelles couleurs et d’ambiances.

Jean-Paul Simonin est le batteur du groupe Machin. Il a été pendant dix ans le batteur d’Hubert Félix Thiéfaine. La chanson, c’est sa spécialité, il l’aime soutenue rythmiquement et il aime aussi l’orner de couleurs originales et variées. Les deux répétitions que nous avons eues sont enthousiasmantes.

 

Ce troisième cahier se terminera donc par cet au-revoir, par cet « à bientôt ». Nous devons continuer à évoluer, le public est impitoyable et nous devons tâcher de faire face à sa cruelle exigence.

Au-revoir Biniou, et un grand merci pour tout ce que tu as été avec nous.

Écrivez-nous !    ¦   Retour en haut de page et au sommaire