JARA NOVOTNY OU 30 ANS DE LA VIE D'UN PHOTOGRAPHE TCHEQUE

    Accueil   
Accueil ] Musique ] Journal/Le-journal.htm ] biographie-RU ] biographie ] PBT réalisateur ] Livre-Carnets de Siberie ] pbt photographe ]

Cliquer sur le titre du  film pour le télécharger (524 Mo)

 
Film documentaire :

"Jára Novotný ou trente ans de la vie d'un photographe tchèque"

Écrit et réalisé par Philippe B. Tristan

 

A l’age de 63 ans le photographe tchèque Jára Novotný réalise sa première résidence d’artiste à l’étranger. Malgré les 200 prix qu’il a reçus du monde entier pour ses photographies entre 1977 et 1991, le photographe reste mal connu en République tchèque.

Photo-journaliste de 1965 à 1969, il couvrira le printemps de Prague, l’invasion Russe qui y mettra fin en août 1968 et l’enterrement de Jan Pallach, ce jeune qui s’est immolé pour contester l’occupation russe. Un an après, Jára est arrêté. Il sera incarcéré pendant 6 mois avant d’être jugé. Libéré faute de preuves, il va devenir un proscrit, interdit d’exposition et obligé de travailler très durement dans une usine. Paradoxalement, les années qui suivront seront les plus fastes de l’œuvre du photographe. Il y développera un style caractéristique des artistes de l’Est pendant ces années soviétiques, mélange de symbolisme, d’expressionnisme, avec, pour Jára, une fièvre sensuelle chargée de passion.

L’année 79 est l’année centrale de son œuvre. Point de départ, de fin ou année de réalisation, - quasiment toute l’œuvre est ancrée dans l’année des 40 ans de l’artiste : ces séries portent le nom de : Pribehi (histoires) ; Pisnička (chansonnette), Čas kopretin (le temps des fleurs), Cirkus (une série sur le Cirque sur laquelle il a travaillé de 76 à 84), Žena (femmes) et Musika (Musique).

De 80 à 86, Jára travaille sur des photographies de l’oeuvre de František Bílek, sculpteur tchèque majeur du début du siècle mais rejeté pendant la période soviétique. Alors que je propose de ne pas parler de cette série que je considère en marge de son œuvre, Jára s’énerve et livre le fond de sa pensée. Il révèle ce que beaucoup de tchèques pensent : nous autres, occidentaux, ne pourront jamais comprendre ce que les tchèques ont vécu pendant la période qui commença par le putsch communiste de 1949.

Après la révolution de velours, qui marque la fin de l’ère soviétique, Jára est employé dans un journal, le Taborske Listy. Son chef, un ancien responsable communiste, l’a-t-il volontairement surchargé de travail ? Jára ne répondra pas à cette question. Pourtant son œuvre personnelle va être interrompue pendant 10 ans, jusqu’à ce que Jára prenne sa retraite

En recueillant le témoignage de modèles de différentes époques (un directeur de théâtre, un conducteur de trains, sa femme, professeur de Français, un directeur de Cirque, une chanteuse et poétesse), et en posant des questions clé à l’assistant du conservateur de la Galerie Morave de Brno (un des plus importants musées de Tchéquie) le film se fait le témoin des travers d’une création pendant ces trente ans d’histoire de la République tchèque, entre communisme et libéralisme naissant.

Enfin, en se construisant comme un véritable dialogue, le film pose, à l’heure de l’Europe des 25, une question clé : « la différence de nos histoires permettra-t-elle que nous nous comprenions vraiment tout à fait ? »