Echouée sur le sable

Une barque sans rame

Sans moteur où onze âmes

Laissaient onze corps sans vie

Onze corps de jeunes gens

Asséchés par le vent

Par le sel et le temps….

La peau tendue sur les os

- Comme onze corps de Momies

C’est la veille de Noël qu’ils ont quitté l’Afrique

Remorqués imprudents par un cargo cynique

Ils devaient être quarante à fuir le Sénégal

Pour l’Europe providence et son argent facile

Ils n’ont pas vu venir au loin les garde-côtes

Le capitaine l’équipage pris soudain de panique

Ils ne pesaient pas lourd dans le choix stratégique

Entre sauver sa carrière et de vagues lubies philanthropiques

Les cordes sont coupées larguée la barque à la dérive

Ils n’en croient pas leurs yeux ils appellent invectivent

Mais le silence retombe sur la nuit atlantique

Ils ont trois jours de vivres mais, dit-on, l’espoir fait vivre !

La mort s’en est venue les cueillir un par un

Et l’espoir qui tarit à chaque victime offerte aux requins

Jusqu’à ce que l’un des derniers à céder au désastre

- Bouleversante missive - écrive sur la coque :

« Voici la fin de ma vie dans la mer du Maroc

Je voulais un peu d’argent pour ma famille à Bassada

Je vous prie de m’excuser, Adieu »

Enfants de Bassada

Elle viendra ta revanche

En 2050

Un milliard d’êtres humains

Jetés sur les chemins

Une immense transhumance

Un vilain raz de marée

Elle viendra ta revanche

- Si nous ne changeons rien !

Si nos gouvernements s’empressent de hisser les barrières

Ministres de l’immigration, polices, camps, gardes-frontières,

Ils sont peu qui proposent de revenir aux causes

Qui poussent ces populations à l’abandon de leurs terres

Si la situation aujourd’hui est déjà critique

Le pire est pour demain avec nos dégâts climatiques

Désertification, montée des océans

Ouragans, grands travaux et tous les conflits conséquents

Enfants de Bassada

Elle viendra ta revanche

En 2050

Un milliard d’êtres humains

Jetés sur les chemins

Une immense transhumance

Un vilain raz de marée

Elle viendra ta revanche

- Si nous ne changeons rien !